Tribulus terrestris et testostérone, mythe ou réalité ?

Performances Sportives

Écrit le 29 janvier 2023

Le Tribulus terrestris ne stimule pas la testostérone

Le conte à dormir debout du Tribulus terrestris dure sans doute depuis plus de 20 ans. Véritable histoire sans fin au point d’en faire un mythe, ce végétal très commun serait censé stimuler la libération de testostérone. Certaines marques et fabricants de compléments alimentaires font la promotion de ce végétal en tant que “booster” de testostérone. Y a t-il une vérité derrière ces allégations un peu faciles, ou peut-être un semblant de vérité qui nous laisserait croire que ce Tribulus terrestris sert vraiment à quelque chose ? Existe t-il des éléments démontrables sur le plan scientifique entre le Tribulus et la synthèse hormonale ? Rien n’est moins certain pour autant…

L’origine du mythe du Tribulus terrestris, une histoire bulgare un peu rocambolesque…

Parfois considéré comme tonifiant sexuel ou stimulant miraculeux de la testostérone, le Tribulus terrestris (ou Tribule terrestre) n’a pourtant rien de miraculeux. L’origine de l’histoire tient surtout à deux éléments factuels dont le premier est sans doute plus crédible que le second. En effet, ce végétal et ses fruits sont bien connus de l’Ayurvéda, la médecine traditionnelle indienne. Le Tribulus terrestris est présent en Inde ou en Chine, tout comme il peut l’être en Europe occidentale et dans le bassin méditerranéen. Globalement, le Tribulus terrestris est présent dans de nombreux coins du globe, même si sa composition en éléments actifs diffère grandement d’un continent à l’autre. Disponible un peu partout, il s’agit d’un végétal assez commun qui peut être sourcé facilement par n’importe quel fabricant de compléments alimentaires. De là à ce que le Tribulus terrestris soit proposé pour la perte de poids ou la testostérone, tout peut être envisagé. Cependant, les preuves tangibles quant à ses effets seront plus difficiles à trouver…

Quels sont les effets du Tribulus terrestris ?

Cela étant, rien n’empêche que le Tribulus terrestris produise des effets sur le corps humain. Sa richesse relative en métabolites secondaires (saponines, phytostérols, alcaloïdes, flavonoïdes…) nous laisse penser qu’il ne doit pas être totalement inutile. Du moins, c’est ce que prétendent les traditions médicales orientales et asiatiques, indiennes et chinoises. Par exemple, en Inde, l’Ayurveda est une science, une philosophie et une pratique médicale ancestrale. Il s’agit d’une science très riche, ayant documenté les effets d’un nombre considérable de substances naturelles, de végétaux et de plantes très diverses. Remèdes naturels à base de végétaux, diabète, ostéoporose, arthrite, perte de poids ou stimulants naturels de la testostérone, la science ayurvédique fait partie des traditions médicales les plus riches. Sur le continent indien, le Tribulus terrestris y est appelé Gokhshura en sanskrit.

Le Tribulus terrestris est un végétal endémique connu de la médecine ayurvédique

Concernant le Tribulus terrestris, la médecine traditionnelle ayurvédique lui reconnaît de nombreuses propriétés médicales et thérapeutiques notamment celles d’analgésique, d’anti-inflammatoire, d’antibactérien, de diurétique et d’aphrodisiaque. Cette dernière propriété est d’ailleurs la plus souvent attribuée à ce végétal, aussi connu sous le nom français de Tribule terrestre (aussi appelé Croix de Malte à cause de la ressemblance avec la croix en question). Cet effet aphrodisiaque du Tribulus terrestris est peut-être aussi le plus souvent validé sur le plan empirique.

Néanmoins, si une substance naturelle stimule la libido, cela ne veut pas dire pour autant qu’elle agit positivement sur la synthèse de la testostérone ou du moins, suffisamment pour améliorer vos performances sportives de manière significative. Contrairement à ce que voudrait vous faire croire les revendeurs de Tribulus terrestris, il n’y a pas de lien de cause à effet direct entre ces deux sujets. Si la testostérone est nécessaire à une libido épanouie, cela ne veut pas dire qu’un végétal stimulant la libido chez l’homme (ou la femme) agira de même sur les hormones androgènes. En science, les liens de cause à effet systématique ne sont pas pris pour argent comptant, ils doivent être démontrés. C’est pourtant le narratif que l’on essaie de vous vendre depuis plus de 20 ans. Ajoutons que pour produire des effets significatifs sur la croissance musculaire, un taux sanguin de testostérone supérieur à 800 ou 900 ng/dl de sang devrait être retenu sur plusieurs semaines, sinon plusieurs mois. Ce genre de constat n’a jamais été démontré avec le Tribulus terrestris et ses effets, ni d’ailleurs avec d’autres extraits végétaux, sauf de très rares exceptions. A l’opposé, les athlètes ayant recours à des substances dopantes affichent allègrement des taux sanguins de testostérone supérieurs à 1500 ng/dl de sang.

Le mythe des haltérophiles bulgares battant des records avec le Tribestan n’a rien de vérifiable ni de vérifié…

Le second élément factuel dont je vous avais parlé concerne la fable des haltérophiles bulgares qui avaient soit-disant battus des records en prenant du Tribulus terrestris d’origine bulgare dans les années 1970 à 1980. Dans les années 1980, un Tribulus d’origine bulgare avait donné lieu à la fabrication d’un complément alimentaire nommé Tribestan. Cette histoire destinée à convaincre les plus innocents n’est qu’un mythe à dormir debout. Il serait sans doute plus honnête de reconnaître que d’autres substances, moins innocentes, étaient sans doute liées aux performances de ces haltérophiles. Aujourd’hui, il ne reste cependant plus que des rumeurs impossibles à prouver. Souvent présenté comme un stimulant de la testostérone, les revendeurs de Tribulus terrestris lui prête une activité anabolisante très élevée. Ces effets n’ont jamais été reconnus par la recherche scientifique.

Le Tribulus terrestris est un adaptogène comme le Ginseng ou l’Ashwagandha

Plus sérieusement, il faut reconnaître à cette plante et à ses fruits des vertus d’adaptogène, ce qui est déjà intéressant en soi. Un adaptogène est une plante qui, de part ses différents composants actifs, aide l’organisme humain à s’adapter à un stress. Quant à cette histoire d’haltérophiles, c’est un peu comme si on avait fait du Ginseng ou du Rhodiola rosea un stimulant surpuissant de la testostérone en lui prêtant une histoire rocambolesque. Cependant, cela n’a jamais été prouvé par la moindre étude ou expérience scientifique ou expérimentale sérieuse. Cela étant, selon la science, il est plus probable que le Ginseng ou l’Ashwaghanda vous aident réellement à améliorer vos performances athlétiques que le Tribulus terrestris lui-même. Toujours est-il que la plante en question a été longuement étudiée par la recherche, comme d’autres végétaux l’ont été également.

La recherche scientifique a étudié le Tribulus terrestris sous toutes les coutures…

En soi, le Tribule terrestre est un végétal adaptogène qui renferme de nombreuses phytomolécules appartenant à diverses familles telles que les saponines, les alcaloïdes, les phytostérols, les flavonoïdes et d’autres encore. On y retrouve principalement des protodioscines et de la prototribestine, de la diosgénine, de la chlorogénine et bien d’autres molécules et composés au nom très exotique (Tribulosine, Hécogénine, Spirostanol, Gitogénine,, acide coumaroylquinique…). En outre, leur concentration varie en fonction du lieu d’origine. Les saponines du Tribule se retrouvent réparties de manière assez inégale entre les feuilles, les racines, les fruits et les fleurs du Tribulus terrestris. Elles représentent la majorité des principes actifs du végétal, avec la protodioscine. Ces saponines présentent aussi une structure stéroïdienne, un argument bancal mais souvent utilisé par les fabricants de compléments alimentaires. La présence des différentes saponines diffère selon les lieux de récolte du Tribulus terrestris.

Une structure moléculaire en “stéroïde” n’est pas nécessairement synonyme d’anabolisme musculaire

La structure en « stéroïde » évoque simplement le fait qu’il s’agit d’une structure moléculaire particulière, ni plus ni moins. Dans la nature, de nombreuses molécules présentent cette forme sans être pour autant considérés comme des anabolisants chez l’être humain. Cet argument serait aussi absurde si vous affirmiez qu’un ballon de rugby est un œuf car sa forme est ovoïde. En chimie organique, la forme générale d’une molécule n’a pas forcément de rapport direct avec la fonction d’une molécule similaire ni sur le fait qu’elle soit assimilable ou pas. De même, l’absence d’enzymes entraînant des effets au niveau cellulaire ou organique n’est pas en faveur de cet extrait végétal pourtant populaire… Ce genre de détail est d’autant plus contrariant qu’une écrasante majorité d’expériences cliniques réalisées avec le Tribulus terrestris et d’autres composants végétaux tendent à prouver qu’il ne présente aucun effet sur la sécrétion de testostérone (1), encore moins sur la testostérone libre…

La composition phytochimique complexe du Tribulus terrestris expliquerait sans doute ses effets d’adaptogène…

Quant à la composition phytochimique du Tribulus terrestris, elle est assez variable d’un continent ou d’un pays à l’autre. Une étude datant de 2008 (Dinchev D. et al.) a comparé plusieurs échantillons de Tribule terrestre provenant de Bulgarie, de Turquie, de Grèce, de Serbie, d’Iran, d’Inde, de Géorgie et du Vietnam. Les variétés contenaient toutes différentes saponines, telles que la dioscine, la tribestine, la tribulosine, la protodioscine et la prototribestine. En termes de quantité de substances actives, une certaine homogénéité avait été retrouvée dans la plupart des échantillons, sauf pour les Tribule terrestre originaire d’Inde et du Vietnam dont la composition variait des autres variétés.

Quant aux effets aphrodisiaques supposés du Tribulus terrestris, la aussi les preuves scientifiques opposables sont particulièrement rares. Une étude réalisée sur des rats de laboratoire aurait apporté des résultats mitigés quant à ses effets supposés sur la libido et la fonction érectile. Ses effets supposés sur la fertilité sont encore plus rares. Là encore, des adaptogènes comme l’Ashwagandha ou le Ginseng sont plus efficaces.

Le Tribulus terrestris a été très largement étudié sur le plan scientifique et clinique

Sur le plan scientifique, le nombre d’études effectuées sur l’animal et sur l’homme a bien augmenté depuis la fin des années 1990. Certaines qualités de la plante, notamment sur le plan anti-inflammatoire, antibactérien et cardiotonique ont été confirmés, de même que pour l’effet antioxydant de certaines de ses molécules. Cependant, les études sur ce fameux Tribestan bulgare présentent des biais trop nombreux pour que l’on puisse les croire. En effet, les études ont été effectuées en Bulgarie au milieu des années 1980 et sponsorisées par une entreprise bulgare (milanov S. et al., 1985, Georgiev P. et al., 1988, Zakkova S., 1983). Les allégations portant sur la capacité du Tribulus terrestris a stimuler la production de nos hormones androgènes (en particulier la testostérone, la DHT et la DHEA) ont également été soumises à l’épreuve de l’expérience clinique ou animale. Certains résultats sur l’animal étaient en effet assez positifs alors que d’autres l’étaient beaucoup moins. Quant aux études menées chez l’homme, elles ont prouvé que les extraits de cette plante ne présentaient pas d’effets hormonaux (Street C. et al. 2000, Neychev VK. 2005).

Tribulus terrestris et performance physique : force, endurance musculaire ?

En termes de performances physiques et sportives, la supplémentation en Tribulus terrestris n’est pas plus convaincante sur le plan hormonal. Aucun effet significatif n’a été démontré sur l’élévation de la testostérone chez l’homme, pas plus que pour la force musculaire ou l’endurance (3). L’étude clinique de Neychev (2005) avait été effectuée avec un extrait végétal de Tribulus terrestris contenant 60% de saponines. Pourtant, aucune augmentation de la testostérone n’a été constatée au cours de l’expérience. D’autres études cliniques avaient démontré une élévation hormonale de la testostérone mais il s’agissait d’un ensemble de substances et non pas de Tribulus terrestris seul (4).

De même, Une étude clinique a été effectuée sur des athlètes de la musculation qui avaient pris un supplément de Tribulus terrestris (3,2 mg/kg de poids de corps) sur une période de 8 semaines. L’expérience n’a démontrée aucune amélioration sur le plan de la puissance musculaire mesurée à la fin de l’expérience. Des études sur les effets de ce végétal sur l’endurance, la perte de poids, la puissance musculaire, la santé ou d’autres thèmes n’ont pas été évalués.

Que faut-il penser du Tribulus terrestris pour conclure ?

A n’en pas douter le Tribulus terrestris est un bon adaptogène de manière générale. Il est pourtant difficile de dire qu’il pourrait être consommé par les athlètes de force ou d’endurance s’il s’agit de performances physiques. Cependant, le nombre d’études effectuées chez l’homme laisse surtout penser que le potentiel « athlétique » de ce végétal est en soi assez limité. A l’opposé, des adaptogènes plus connus et qui ont fait l’objet d’études plus poussées comme le Ginseng (Panax et d’autres variétés), le Rhodiola rosea, l’Astragale ou l’Ashwagandha, présentent plus d’intérêt en tant qu’adaptogène (et peut-être aussi en termes de standardisation des extraits végétaux).

Cet extrait végétal ne stimule pas la testostérone chez l’homme

Quant aux effets du Tribule terrestre sur la sécrétion de testostérone, vous pouvez sérieusement l’oublier. C’est aussi pour cette raison que nous avons fait appel à un consultant spécialisé dans le domaine des compléments alimentaires et de la nutrition sportive, c’est à dire Eric Mallet. Son expertise nous a grandement aidé à développer Virilis V2 avec des extraits végétaux qui ont démontré leur intérêt sur le métabolisme de la testostérone. Naturellement, des nutriments essentiels comme du magnésium, de la vitamine D et du zinc dont l’influence hormonale est prouvé, ont également été associés à la formule de Virilis V2. Lorsque vous apportez les nutriments nécessaires au métabolisme hormonal de la testostérone à votre organisme, vous profitez réellement des effets de la formule. Dans ce cas, nous pouvons dire qu’il s’agit d’une formule pro-hormonale naturelle de la testostérone dont les effets ont été validés par la recherche scientifique.

Virilis V2 stimule aussi la libido, si c’est un aphrodisiaque que vous recherchez…

Détail assez amusant à ce sujet, les utilisateurs de Virilis V2 ont constaté que ce complément influençait aussi leur libido ; un sujet que nous n’avions pas vraiment prévu de traiter car Virilis V2 n’avait pas vocation d’aphrodisiaque à l’origine. Toujours est-il que les retours de nos clients à ce sujet nous ont incité à formuler un aphrodisiaque naturel spécialement destiné aux femmes avec Aphrodisia. Mais avec tout ceci, si vous comptez encore sur le Tribulus terrestris pour vous faire gagner de la masse musculaire, changez plutôt de sport car vous n’y arriverez pas.

YAM Nutrition

Bibliographie sélective

1 – Neychev VK, Mitev VI. The aphrodisiac herb Tribulus terrestris does not influence the androgen production in young men. J Ethnopharmacol. (2005)

2 – Brown GA, et al. Effects of anabolic precursors on serum testosterone concentrations and adaptations to resistance training in young men. Int J Sport Nutr Exerc Metab. (2000)

3 -Antonio J, et al. The effects of Tribulus terrestris on body composition and exercise performance in resistancetrained males. Int J Sport Nutr Exerc Metab. (2000)

4 – Ellandi TM, Thakar AB, Baghel MS. Clinical study of Tribulus terrestris Linn. in Oligozoospermia: A double blind study. Ayu. (2012)